Palau Sangir, immersion dans un cratère
C'est avec Samuel, notre de guide des oiseaux du parc Naturel de Tongkoko que nous partons visiter une des îles les plus au nord des Sulawesi : Palau Sangir
Sangir est une île volcanique perdue en pleine mer des Célèbes. Nous voilà donc partis vers cette destination éloignée de 7 heures de bateau de Manado afin d'aller rencontrer la belle famille de Samuel et marcher jusqu'au cratère du volcan.
Nous voyageons de nuit pour ne pas perdre de temps. Nous demandons à Samuel combien y a t il de lits par cabine ? Il nous répondu un peu surpris, plus de 100. Il fait très sombre, c'est le chaos sur le quai, des ombres s'agitent dans tous les sens, nous rejoignons le bateau via des barques passeuses car le bateau ne peut s'approcher suffisamment. Dans cette cohue, nous pensons ne pas avoir correctement compris la réponse de Samuel.
Une fois à bord, nous réalisons que nous avions très bien compris sa réponse, légèrement optimiste d'ailleurs, nous étions plus de 200 dans la cale d'un vaisseau de rouille et d'acier, d’odeurs amères et acidulées.
La nuit à défaut d'être longue fut chaude. Notre repos fut paisiblement rythmé par la vibration du moteur et des corps las des voyageurs enlacés entre sacs et provisions de toutes sortes.
Nous débarquons trop tôt, tout est fermé, notamment le commissariat de police où il est nécessaire de se déclarer.
Pour patienter, nous essayons de prolonger la nuit sous un abri de fortune pour se protéger du grain.
Malheureusement nous perdons plusieurs heures à faire des démarches administratives auprès de la Police locale. L'expérience est d'ailleurs très désagréable, pression, intimidation et tentative de corruption. Au final nous n'avons rien lâché mais nous sommes bien tendus. Samuel est désolé, il nous avait prévenu du climat sur cette île éloignée, très contrôlée du fait de la proximité avec les Philippines et de la tendance des agents de police à faire du zèle. Cette partie du territoire indonésien n’est pas touristique et l'accès au volcan ni balisé ni autorisé.
Nous arrivons dans la famille de la femme de Samuel. Depuis son jardin, il nous montre le volcan dans les nuages. Tout un programme, celui de notre lendemain !
Pour se mettre en jambes et ne pouvant résister à notre envie de mieux connaitre les environs, nous partons pour une petite balade. Il y a une cascade qui parait-il est très agréable et rafraîchissante !
Sur le chemin du retour nous croisons des hommes du village qui descendent des sacs de noix de coco pour en extraire la copra.
Il est difficile d'imaginer la résistance et la force de ces hommes fins qui s'élancent à un rythme soutenu sur des dénivelés glissants et pentus. Ils portent, calées sur leur nuque, des charges pouvant aller jusqu'à 50 kilos.
Une fois la nuit tombée, c'est l'heure du repos bien mérité en famille.
Nous nous couchons tôt pour récupérer, sachant que le départ du lendemain se fera avant le jour. Il faut compter plus de 10 heures de marche pour aller et revenir du cratère et il est important de profiter de la fraîcheur toute relative du petit matin.
Déjà 2 heures que nous sommes partis et une chaleur de plomb nous enveloppe. Nous sommes protégés encore par le tissu végétal d'une végétation dense mais qui commence à se clairsemer.
Une petite coco rafraichissante et c'est reparti !
Rencontre du 3ème type avec des insectes qui nous permettent de prétexter des petites pauses salvatrices !
Et des pauses clopes pour faire plaisir à notre équipe indonésienne de grimpeurs incroyables.
La progression est lente, au "coupe-coupe" dans les premières heures et à présent cailloux après cailloux. Plus de 5 heures sous un soleil de plomb mais dans une bonne ambiance naturellement !
Et à l'arrivée, quel spectacle !
C'est magnifique ! Une vue imprenable sur le cirque et le cratère, nous laisse tout le loisir de profiter de cet écrin naturel vierge.
Quoi de mieux pour casser la croute, méditer et se reposer un peu ?
L'envie d'aller voir le cratère plus près est très forte, c'est parti pour 1 heure de descente.
C'est incroyable comme sensation de plonger dans un univers minéral serti par un écrin de végétation luxuriante.
Le dôme central est récent, une forte explosion a soulevé la roche et vidé le lac qui tapissait le fond du cratère. Les nombreuses fumeroles rappellent l'activité importante du volcan.
Heureusement pour nous guider dans ce lieu loin des sentiers battus, nous sommes accompagnés par l'ancien du village qui est aussi le "sorcier du volcan" qui saurait interpréter ses humeurs.
Un grand merci à Samuel qui a accepté de nous accompagner et d'être notre traducteur pour nous faire découvrir un endroit rare et préservé, un joyau de plus de l'Indonésie.
Un dernier instant de détente et un peu de fraicheur avant de repartir. La route est longue : l'ascension d'abord pour sortir du cratère puis la descente des pentes du volcan. Plusieurs heures de marche sur les traces de notre ascension, taillée à la machette.
Comme toujours en Indonésie, cette aventure est une histoire de patience et d'efforts, puis d'émerveillement mais surtout un magnifique moment de partage avec des hommes au sourire à la taille de leur endurance, non abrasif !
Adieu volcan, soit clément avec ceux qui vivent à tes côtés !
Direction l'horizon, demain on reprendra la mer !
Comme toujours quand on est bien, l'heure du départ arrive trop vite !
Heureusement, aux côtés solennels, aux accolades et à la tristesse de quitter ceux qui vous accueillent comme des membres de leur famille, l'organisation indonésienne vient ajouter une petite dose de stress et d'éclats de rire. Comment se rendre au bateau ? Est-on bien sûr de l'heure du départ ? A-t-on salué tout le monde ? Il nous faudrait une 3ème mobylette mais elle est partie faire des courses ! Où va-t-on mettre les énormes sacs ? Que doit-on prendre en plus pour ramener à Manado pour la famille ? A-t-on assez d'essence ? Une petite photo et s'est parti....
Avec l'habitude, cela devient les moments que l'on préfère. Pourquoi se dépêcher, même avec 30 minutes de retard, nous attendrons 2 heures le départ du bateau. Le chargement de ce dernier est toujours un moment de grand n'importe quoi, un vrai bonheur, un spectacle ou un sketch à lui tout seul ! Mais que c'est bon d'être entourés de tous ses sourires et de toutes ces crises de rire !
Adieu Sangir, île merveilleuse et longue vie à toute la famille et aux proches de Samuel et de sa femme !
Il y a clairement dans ce coin de l'océan, comme un parfum de paradis perdu à la Robinson auquel nous ne résistons pas.
Actions Biodiversité, Palau Sangir, Indonésie, 26 - 28 avril 2011