Des 4000 iles sur le Mékong à Luang Prabang, 1ère partie au Laos
Passage de la frontière sans problème, nous sommes même surpris par la rapidité! Ce n'est pas la même chose qu'en Amérique du Sud!
Au Laos nous avons des entretiens prévus à Vientiane et à Luang Prabang, mais avant cela nous décidons de nous rendre dans les 4000 îles, tout près de la frontière avec le Cambodge.
Ces îles sont sur le Mékong, c'est donc une belle 1ère approche de ce fleuve mythique.
Les débuts ne sont pas relaxants comme on pourrait l'imaginer car nous ne trouvons aucune chambre disponible, 1ère fois du voyage que cela nous arrive. Après une bonne heure à demander partout nous trouvons la dernière chambre de disponible...
Une fois posés nous pouvons profiter entièrement de ce havre de paix et regarder paisiblement l'activité sur le fleuve .
Petite baignade par la même occasion, le courant est extrêmement fort.
On regarde les riverains prendre les barques en direction de leurs îles...
A cet endroit particulier du Mékong et un peu plus au sud (du côté du Cambodge) nous pouvons observer les rares dauphins d'eau douce.
Il existe 8 espèces de dauphins d’eau douce dans le monde dont 5 en Asie. Ces espèces sont menacées d’extinction, particulièrement en Asie où la population est extrêmement dense. Les eaux usées sont rejetées dans les fleuves sans être épurées et la pluie y fait ruisseler les substances toxiques des champs. Cependant, le malaise de ces animaux ne provient pas seulement des eaux polluées, l’agriculture, qui a besoin d'énormément d'eau, leur pose également de gros problèmes. La prise d’eau peut atteindre des proportions telles que les fleuves s’assèchent sur certains tronçons et que l'eau salée y remonte de la mer. De plus, les différentes populations sont séparées par des barrages ce qui empêche le brassage génétique et les contraint à des unions consanguines. Source: WWF
Nous n'avons malheureusement pas eu l'occasion d'en voir.
Petit tour des îles de Don Det et Don Khone à vélo. Entre rizières asséchées pour le moment, temples, animaux domestiques et oiseaux aquatiques.
Après une 1ère nuit dans une auberge modeste, nous nous offrons ce petit bungalow sur pilotis. La vue est sublime, l'ambiance sereine. Ce court séjour aux "4000 îles" nous aura bien plu!
Nous avons rendez-vous à Vientiane, c'est pourquoi nous nous y rendons directement en bus,12h de trajet environ, et faisons l'impasse sur la partie sud du Laos.
Certes l'animation de la ville change par rapport à la tranquillité des îles, cependant Vientiane reste une ville à taille humaine et il est bien agréable de s'y promener.
Nous apprécions sur les façades des bâtiments ces quelques dessins de sensibilisation pour préserver la forêt et sa vie sauvage.
Le travail a faire est considérable sachant que le Laos est aujourd'hui de plus en plus déforesté sous la pression notamment de ses voisins Vietnamiens et Chinois.
Et au milieu des films d'actions nous retrouvons le film HOME! Petit clin d'œil à l'association Good Planet et au superbe film de Yann Arthus Bertrand dont nous avons fait la promotion en Amérique du Sud!
Décidemment la sensibilisation semble importante (elle est en réalité très limitée). A gauche "l'arbre de la connaissance" dans une école avec des petits refuges pour les oiseaux et des posters sur les animaux.
Entrons dans le vif du sujet avec Jérôme Millet, responsable pour la zone Vietnam, Laos, Cambodge du projet Sud Expert Plantes (SEP). SEP est une initiative du Ministère français des Affaires étrangères et européennes qui soutient l'effort de nombreux pays en développement pour connaître, préserver et valoriser durablement leurs plantes. Elle apporte depuis 2005 un appui aux structures de recherche et aux programmes d'enseignement, et finance par appel d'offres plusieurs projets scientifiques favorisant les synergies Sud-Sud, Sud-Nord et interdisciplinaires. Les principaux organismes français impliqués sont l'IRD, le CIRAD, le MNHN et le CNRS.
Dans ce contexte Jérôme s'occupe de la mise en place d'un herbier national. Dans son interview Jérôme nous parle de l'état d'avancement du projet Sud Experts Plantes au Vietnam, Laos et Cambodge, voir la vidéo ci-dessous.
Voici l'équipe mise en place par Jérôme pour s'occuper de l'herbier au Laos. Sur les photos l'équipe re-traite des herbes qui étaient conservées au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris et qui ont été renvoyées au Laos.
Ce genre de travail est très difficile à mettre en place car il implique de nombreux acteurs et par dessus tout il faut s'assurer de la pérennité de l'herbier et de sa consultation possible par les étudiants, professionnels... A ce stade, le projet est réussi au Laos car lorsque Sud Expert Plante quittera le pays, le personnel du conseil national des sciences y travaillera en continu.
Ci-dessus l'herbier existant à l'heure actuelle. Celui-ci se trouve à l'université, il est géré par un étudiant, les conditions de conservation ne sont pas suffisamment respectées et les différents projets internationaux de recherche n'ont malheureusement pas connus de longévité, les informations sont là stockées mais pas entretenues et donc à terme, perdues...
Encore des sacs plastiques sur les rives du Mékong...
Equipement qui nous rappelle l'Australie pour faire du sport après le travail!
Nous visitons quelques temples de la ville, cependant les visites sont moins poussées que lorsque nous étions en Thaïlande ou au Cambodge ;-)
Les chats sont absolument partout.
Avant de quitter Vientiane nous rencontrons Patrice Autfray agronome au CIRAD qui travaille actuellement au Ministère de l’agriculture et des forêts, il nous parle de l’agriculture de conservation.
Le labourage des sols, la culture sur brulis sont des techniques très répandues notamment dans les pays du sud, or ces techniques renouvelées aboutissent à un appauvrissement du sol, à l’érosion des sols entrainant des glissements de terrain, une modification du paysage, une mauvaise filtration de l’eau et un non stockage du CO2 dans le sol.
Suite à de fortes érosions des plaines aux US et de la région de Parana au Brésil différentes techniques ont été mises au point pour lutter contre l’appauvrissement et l’érosion du sol. Il en découle les 3 grands principes de l’agriculture de conservation :
- Un moindre travail du sol, c'est-à-dire pas de labourage, pas de brulis. D’une culture à l’autre le sol n’est pas touché
- La diversification des cultures. Certaines cultures peuvent être bénéfiques à d’autres, ainsi en faisant une rotation des types de cultures l’appauvrissement du sol est moindre
- Une couverture permanente du sol. De la paille par exemple est disposée sur le sol entre les semis. Ceci permet de diminuer l’évaporation de l’eau, stocker plus de CO2, lutte contre les mauvaises herbes et apporte des nutriments au sol
Ce type d'agriculture touche les petits producteurs et permet de réduire la pauvreté en augmentant la rentabilité, en diminuant les coûts d'exploitation et en étant plus durable. C'est un moyen de concilier production agricole, amélioration des conditions de vie et protection de l'environnement. Pour en savoir plus sur l’agriculture de conservation veuillez vous reporter au site web de l’association en cliquant ici.
Le trajet entre Vientiane et Luang Prabang nous permet tout de suite de constater l'exploitation massive des terres, la déforestation à des fins agricoles.
Exemple typique de forêt coupée, de sols surexploités et laissés tels quels en passant à la parcelle suivante.
Ces techniques de brulis, de labour intensif, cette déforestation ont des répercussions catastrophiques sur l'érosion des sols, la qualité de l'eau et la diminution du stockage de C02.
Au bout de 6h de trajet non stop, pause déjeuner et refroidissement du bus qui n'en peut plus de monter !
Les petits enfants, toujours curieux regardent attentivement le groupe de voyageurs en rentrant des champs.
Les paysages sont superbes, cela fait longtemps que nous n'avions pas vu la montagne, cela fait du bien !!! La montagne, ça nous gagne ;-) Ces horizons à perte de vue et la température plus douce nous rafraichissent les idées.
Partout en bord de route nous avons vu les femmes et enfants battre ces herbes pour les débarasser de la poussière et petites graines. Nous ne savions pas de quoi il s'agissait, à force d'observations nous avons compris, ces herbes servent à faire des balais! il y a un véritable business de balais dans la région et apparemment les voisins Chinois en sont très demandeurs, ils augmentent donc le marché.
Arrivés à Luang Prabang nous nous rendons sur l'autre rive pour aller à la rencontre de Rik Gadella. Il y a 3 ans, en vacances à Luang Prabang, Rik a décidé de changer sa vie, de mener une action bénéfique pour le Laos. Après avoir mûrement réfléchi à une action sur le long terme Rik a décidé de se consacrer à la mise en place du premier jardin botanique au Laos. Il vend alors ses entreprises à Paris, dans le domaine de l'art, et vient s'installer définitivement à Luang Prabang.
Son projet est très ambitieux, il s'agit non seulement de constituer le premier jardin botanique mais de développer de nombreuses structures connexes en plus de la recherche scientifique nécessaire à un tel projet.
A terme ce sera donc un centre qui permettra de faire de l'éducation environnementale, de la recherche avec le financement de bourses d'études, éventuellement une école hôtelière et bien sûr de l'écotourisme.
Cela représente un total de 90 emplois locaux directs, 300 personnes indirectement, un revenu annuel de 700 000€, 4000 étudiants sensibilisés par an, une augmentation de revenus pour la ville de Luang Pradang et plus de touristes.
En termes d'investissement on parle de 10 millions d'euros que Rik s'occupe aujourd'hui à recueillir. Actuellement 32 personnes y travaillent quotidiennement.
Voir l'interview de Rik:
Depuis 2 ans les travaux d'aménagements ont commencé. Un chef paysagiste est arrivé récemment pour faire les plans. Les études scientifiques sur les plantes caractéristiques du Laos et qui seront à intégrer dans le jardin botanique vont bientôt commencer. Il s'agira ensuite de faire des prélèvements d'échantillons de plantes sur le terrain puis de les faire pousser en pépinière avant de les mettre dans le jardin.
Pépinière de plantes ornementales.
Constructions en cours...
Vue depuis le bureau de Rik!
Les touristes pourront rester plusieurs jours et profiter de ce lieu extraordinaire pour découvrir la flore du Laos et se balader sur la colline environnante (entre 1 et 2 jours de marche).
Un golf...
Un jeune diplômé qui travaille avec Rik depuis 1 an
Enfants qui pêchent
Et là c'est le cliché qui gâche... quelle tristesse, à quai sur l'autre rive nous constatons cet amas de déchets. D'après nos renseignements le village a commencé à jeter ses ordures il y a 2 ans, ici pas d'incinération, pas de tri, on jette et c'est tout.
L'éducation environnomentale est bel et bien une urgence car la contamination ne cesse de croitre et les populations vivent dans ces conditions insalubres. Il serait pourtant facile de faire un petit programme TV qui sensibilise aux déchets car aussi surprenant que cela puisse paraitre il y a partout l'électricité (même dans les zones plus reculées) et des télévisions.
Visite de Luang Prabang, ville classée au patrimoine de l'humanité depuis 1995. Du haut de la colline sacré Phou Si la vue est splendide.
Ci-dessous, une femme qui relâche des oiseaux après une prière au temple, cela signifie que ses vœux seront exhaussés.
Visite du marché du soir bien coloré.
Nous sommes jour de pleine lune (Van Sin) les gens ne travaillent pas aujourd'hui et les bouddhistes vont au temple. Partout dans la rue on trouve donc des fleurs colorées et autres objets ou nourriture pour faire des offrandes.
Bonne "fondue", il faut mettre du bouillon dans lequel on ajoute les légumes puis on fait griller la viande...pas mauvais!
Le lendemain nous louons une mob' pour nous rendre dans la réserve de Tat Khuang Si située à 30 km de la ville et profiter de la belle route sinueuse qui nous y emmène.
L'ours noir d'Asie, Ursus thibetanus est classé comme vulnérable dans la Liste rouge de l'UICN.
La commercialisation de produits à base de bile de ces ours en est la principale menace. Le marché est dominé par les chinois qui ont des fermes dans lesquelles ils enferment ces ours d’Asie dans des cages exigües (10 000 environs), leur infligent de la souffrance et les tuent au bout de 5 à 6 ans.
Il existe des substituts d’origines végétales à la bile d’ours mais malheureusement cet abominable marché continue. Les pattes sont également appréciées en plat…
A Tat Khuang Si se trouve un centre de sauvetage des ours. Les ours (23) arrivent au centre lorsqu’ils sont jeunes, ils sont récupérés du trafic illégal par le gouvernement Lao.
Les personnes du centre, en plus de s’occuper des ours, étudient ces derniers pour améliorer les connaissances sur cette espèce, ils luttent également contre le trafic illégal et fournissent des supports de sensibilisation environnementale.
L'ours dAsie se reconnait facilement avec son collier blanc.
Ce site est un vrai havre de paix, bien qu'il soit touristique, à certains endroits il n'y a personne, et nous pouvons profiter du spectacle des cascades et des eaux turquoises en toute tranquillité.
En prenant un sentier nous découvrons la faune et la flore locale pour notre plus grand bonheur.
Nous sommes seuls au milieu de cette végétation luxuriante, il y a des feuilles d'une forme étrange que l'on n'avait jamais vue et des feuilles grandes comme nous!
En continuant un peu sur ce sentier désert nous arrivons à des rizières et à un superbe point de vue sur la vallée...
Ce rapace nous rappellerait presque le condor d'Argentine ;-)
Après cette belle journée dans la nature nous retournons en ville pour un petit verre face au Mékong en observant la nuit tomber.
Luang Prabang tient une place particulièrement importante pour le bouddhisme Therravada, elle est un haut symbole spirituel. La ville abrite de nombreuses pagodes que nous découvrons avec enchantement en ce soir de célébrations spéciales.
Les lumières, bougies, chants amplifient la magie et la sérénité des lieux.
C'est un coup de cœur pour Luang Prabang et ses environs !!!
Actions Biodiversité, des 4000 îles à Luang Prabang du 7 au 19 février 2011.